mardi 15 janvier 2008

Nouveauté acousmatique !


Label : Motus

Collection : Acousma


Frédéric KAHN (né en 1966)

Landschaft (1992)
Scivias (2001)
Les Fleurs, ces bouquets d'agonies (1998)
L'Animal du Temps (2000)
Sterblich (Mortel/le) ou Le Purgatoire des Sens (2003)
Machines à remuer les sens (2004)
Suite pour glotte (2000)
Longueur d'ondes / Emergence (2005)


Précision des plans sonores et élégance des mixages entraînent l'auditeur dans un univers inquiet, instable et raffiné, sombre et incertain, un laboratoire du crépuscule où disparaissent lentement nos certitudes, comme dans un voyage initiatique auquel nous convient les œuvres de Frédéric Kahn, également compositeur instrumental.

Voir aussi ici !


lundi 14 janvier 2008

Acousmatique et vidéo 1



Frédéric Kahn : L'Exploration du vide
Viktor Furiani : Puppet Me !
2007

"L’écoute de L’Exploration du vide est déterminée et guidée par un chant impalpable, comme flottant dans un paysage sonore extrêmement calme, entrecoupé de silences suspendus, puis qui se régénère avec des sons qui changent de dynamique et de contenu harmonique."

Frédéric Kahn, compositeur, à propos de L’Exploration du vide


"Suite à un accident, une partie de mon corps - mon bras gauche en l'occurrence - est réduite à l'état d'objet, percée de barres de fer dépassant violemment de mes chairs. Les seules sensations que je connais de ce mélange de tissus organiques et de chrome sont des déclinaisons de douleurs. Le mouvement est douleur. Le toucher est douleur. Le froid est douleur. Le chaud est douleur. Le sec me blesse, l'humide m'agresse, un frémissement d'air lance des décharges électriques le long de mes nerfs, les battements de mon cœur font crisser l'os contre le métal...

Finalement, ces déclinaisons douloureuses ont remplacé mes autres sensations. Et je suis heureux de ressentir, de ne pas traîner un bras si peu vivant car coupé du monde extérieur... Cette souffrance est peu à peu devenue plaisir, me sortant des brumes antalgiques, divulguant une brûlante lumière au sein de ma convalescente torpeur. Je me la suis appropriée, je jouis de la contrôler plutôt qu'elle ne me contrôle, de vivre une expérience esthétique extrême dans laquelle je n'avais jamais osé me lancer. En instrumentalisant mon propre corps, en tentant de posséder ce qui finalement m'échappe toujours, je cherche à composer un nuancier sensuel à partir de la douleur. Je deviens à la fois le marionnettiste et sa poupée de chair, exprimant radicalement cet état ambigu dans le performing vidéo."

Viktor Furiani, vidéaste, à propos de Puppet Me !

Acousmatique et vidéo 2


Terrain vague - Nuit urbaine

Frédéric Kahn, Viktor Furiani, Manu Larsen
2007


"Des sonorités en résonance avec les images projetées déroulent le décor d’un espace à la fois étalon de la durée et du silence (quand l’immobilité se brise, le silence se déchire). Constituées de lambeaux qui brillent curieusement dans le vide, les images dessinent des intrigues en pointillés, comme des lucioles, des petits bruits ou des harmoniques, pour figurer des univers pluriels, mobiles, toujours recomposés. Kaléidoscope étrange, jeu de superpositions, lignes de fuites ou dérives abstraites. Les images se démultiplient, épousant le tempo d’une musique électronique circulaire et sournoise. Tout se précipite, lardé de glitch et de saturations, mais aussi bordé de boucles délicates.

Au plus profond de la nuit s'étend poétiquement un monde de ténèbres, dont la lumière n'est que le contour graphique, tout comme le sont les ombres sous l'astre diurne. La nuit urbaine trace un négatif de la vie sous le soleil. Pour un noctambule comme moi, la nuit n'est pas l'attente de la lumière mais plutôt un univers sans horizon, c’est-à-dire sans limites. La terre s'élance vers l'infini cosmique, les étoiles brillent indistinctement dans le ciel comme dans les flaques d'eau... Les terrains vagues forment des trouées d'ombre dans le tissu urbain, des oasis sauvages d'indistinct au cœur du désir utopique de contrôle. L'éclairage public a comme principal enjeu la sécurité. Cette sécurité, je ne veux pas la connaître, elle m'empêche de ressentir l'indétermination qui guide la surprise, l'étonnement, l'émerveillement sous la diversité des sensations nocturnes. En effet, percevons-nous réellement mieux la journée que la nuit ? Alors que notre vision décline, l'ouïe, l'odorat, le toucher et même le goût ne s'épanouissent-t-ils pas ?"