Frédéric Kahn, Viktor Furiani, Manu Larsen
2007
"Des sonorités en résonance avec les images projetées déroulent le décor d’un espace à la fois étalon de la durée et du silence (quand l’immobilité se brise, le silence se déchire). Constituées de lambeaux qui brillent curieusement dans le vide, les images dessinent des intrigues en pointillés, comme des lucioles, des petits bruits ou des harmoniques, pour figurer des univers pluriels, mobiles, toujours recomposés. Kaléidoscope étrange, jeu de superpositions, lignes de fuites ou dérives abstraites. Les images se démultiplient, épousant le tempo d’une musique électronique circulaire et sournoise. Tout se précipite, lardé de glitch et de saturations, mais aussi bordé de boucles délicates.
Au plus profond de la nuit s'étend poétiquement un monde de ténèbres, dont la lumière n'est que le contour graphique, tout comme le sont les ombres sous l'astre diurne. La nuit urbaine trace un négatif de la vie sous le soleil. Pour un noctambule comme moi, la nuit n'est pas l'attente de la lumière mais plutôt un univers sans horizon, c’est-à-dire sans limites. La terre s'élance vers l'infini cosmique, les étoiles brillent indistinctement dans le ciel comme dans les flaques d'eau... Les terrains vagues forment des trouées d'ombre dans le tissu urbain, des oasis sauvages d'indistinct au cœur du désir utopique de contrôle. L'éclairage public a comme principal enjeu la sécurité. Cette sécurité, je ne veux pas la connaître, elle m'empêche de ressentir l'indétermination qui guide la surprise, l'étonnement, l'émerveillement sous la diversité des sensations nocturnes. En effet, percevons-nous réellement mieux la journée que la nuit ? Alors que notre vision décline, l'ouïe, l'odorat, le toucher et même le goût ne s'épanouissent-t-ils pas ?"