vendredi 4 septembre 2009
samedi 28 février 2009
Thème et variations : le souper à Emmaüs (II)
(cliquer sur les images pour les agrandir)
BACH - Cantate "Bleib bei uns, denn es will Abend werden", BWV 6REMBRANDT - Les pèlerins d'Emmaüs
BARRAUD - Sept filtrages de Rembrandt
BARRAUD - Sept filtrages de Rembrandt
Les premier et troisième mouvements illustrent tous deux l'épisode des pèlerins d'Emmaüs ("reste avec nous, car le soir tombe"), mais de manière très contrastée :
http://www.deezer.com/track/715258
http://www.deezer.com/track/715267
lundi 16 février 2009
Séance du 6 février 2009
A la suite de l’investigation dans Rembrandt (et avec regard sur livres et reproductions de tableaux) : après le Retour du Fils Prodigue, on aborde Les Pélerins d’Emmaüs (versions tableaux et gravures : cf. si on le trouve en «librairie» le n° spécial de Télérama, très riche ; sinon cliquer ici), via un extrait de Gracq (Un Beau Ténébreux, Ed. Corti, 1980, p. 124-125 (c’est sans doute toujours la même pagination, Gracq n’ayant jamais lâché «son» José Corti ; ou alors dans l’édition Pléiade, mais je ne l’ai pas), qui «montre» la rencontre à Emmaüs, sous deux angles successifs, partageant cette page du «Journal de Gérard» en un temps calme et un temps sauvage. Ici, il est question du temps calme, à quoi correspond la vision du tableau de Rembrandt (au Louvre, si je ne me trompe), dépouillée, lyrique, «surnaturelle» (par opposition à un tableau du Caravage traitant le même sujet - voir ici -, glissant vers abondance et mouvement de nourritures terrestres, cf. Jordaens !).
On peut donc songer en musique à une «correspondance» qui serait dans le récit évangélique «parallèle» à Emmaüs, la mort de Lazare, ici mise en scène par le librettiste Niemeyer dont se sert Schubert pour une grande méditation sur la vie accédant à la mort. L’Oratorio Lazarus, écrit vers 1820, n’est – comme bien des partitions schubertiennes – pas achevé, et son début (introduction orchestrale, airs de Lazare et de sa sœur Marie) est une scène «idyllique» sous les palmiers (tilleuls ?) devant la maison où l’on a transporté Lazare mourant sans souffrance physique (2 CD HÄNSSLER CLASSIC, dir. H. Rilling).
On peut aussi évoquer pour cette atmosphère évangélique (transposable en Autriche XIXe...) un des rares temps calmes dans le récit des errances de folie pour Jacob Lenz, le dramaturge (Le Précepteur, Les Soldats), mort à Moscou, et pris comme emblème de la solitude du Wanderer romantique par Büchner (l’auteur de Woyzzek, devenu Wozzeck pour l’opéra de Berg un siècle plus tard ; Ed. Jacqueline Chambon pour traduction, probablement non disponible actuellement ; c’est aussi dans le tome 2 des Romantiques Allemands de la Pléiade, p. 1529). Ou bien sûr Hölderlin, avec son «temps de la folie», après son retour d’exil en France et le moment où il apprend la mort de son amie Suzanne Gontard – cf. Hölderlin, Ed. Pléiade, p. 1069 à 1107, lettres de Suzanne («Diotima», selon le roman Hyperion). Jusqu’à sa mort, Hölderlin est recueilli par le menuisier Zimmer à Tubingen ; il y passe 36 années «en liberté» dans sa tour au dessus du Neckar, «dans la folie» (ou faisant le fou ? pour échapper à la répression politique, selon la thèse de Bertaux, entre autres relayée par Heinz Holliger), continuant à composer des poèmes romantiques et minimalistes, et brouillant les cartes du temps (signatures du XVIIe) et de l’identité («Scardanelli», avec humilité : cf. le cycle de Holliger, Scardanelli-Zyklus).
Espace ordonné «d’en haut» : le lied de Schubert Auf den Riesenkoppe (D611), où passe, via le poème de Niemeyer «à son pays natal», une référence à la terre natale de la mère du compositeur, morte quand celui-ci avait 15 ans (par exemple CD HM, Bernarda Fink, Gerold Huber), modèle de la représentation en maîtrise de l’espace, comme dans Le voyageur au dessus des nuages de Friedrich. Développements sur la place de l’être humain dans le paysage romantique européen, et celle du «spectateur extrême-oriental», immergé dans le Tout de la Nature (rouleaux et peintures de la Chine du XIe) : commentaires de Zhen-Zhen, présente et active au dessus des nuages… esthétiques du Clos Neyrac !
Dominique Dubreuil
On peut donc songer en musique à une «correspondance» qui serait dans le récit évangélique «parallèle» à Emmaüs, la mort de Lazare, ici mise en scène par le librettiste Niemeyer dont se sert Schubert pour une grande méditation sur la vie accédant à la mort. L’Oratorio Lazarus, écrit vers 1820, n’est – comme bien des partitions schubertiennes – pas achevé, et son début (introduction orchestrale, airs de Lazare et de sa sœur Marie) est une scène «idyllique» sous les palmiers (tilleuls ?) devant la maison où l’on a transporté Lazare mourant sans souffrance physique (2 CD HÄNSSLER CLASSIC, dir. H. Rilling).
On peut aussi évoquer pour cette atmosphère évangélique (transposable en Autriche XIXe...) un des rares temps calmes dans le récit des errances de folie pour Jacob Lenz, le dramaturge (Le Précepteur, Les Soldats), mort à Moscou, et pris comme emblème de la solitude du Wanderer romantique par Büchner (l’auteur de Woyzzek, devenu Wozzeck pour l’opéra de Berg un siècle plus tard ; Ed. Jacqueline Chambon pour traduction, probablement non disponible actuellement ; c’est aussi dans le tome 2 des Romantiques Allemands de la Pléiade, p. 1529). Ou bien sûr Hölderlin, avec son «temps de la folie», après son retour d’exil en France et le moment où il apprend la mort de son amie Suzanne Gontard – cf. Hölderlin, Ed. Pléiade, p. 1069 à 1107, lettres de Suzanne («Diotima», selon le roman Hyperion). Jusqu’à sa mort, Hölderlin est recueilli par le menuisier Zimmer à Tubingen ; il y passe 36 années «en liberté» dans sa tour au dessus du Neckar, «dans la folie» (ou faisant le fou ? pour échapper à la répression politique, selon la thèse de Bertaux, entre autres relayée par Heinz Holliger), continuant à composer des poèmes romantiques et minimalistes, et brouillant les cartes du temps (signatures du XVIIe) et de l’identité («Scardanelli», avec humilité : cf. le cycle de Holliger, Scardanelli-Zyklus).
Espace ordonné «d’en haut» : le lied de Schubert Auf den Riesenkoppe (D611), où passe, via le poème de Niemeyer «à son pays natal», une référence à la terre natale de la mère du compositeur, morte quand celui-ci avait 15 ans (par exemple CD HM, Bernarda Fink, Gerold Huber), modèle de la représentation en maîtrise de l’espace, comme dans Le voyageur au dessus des nuages de Friedrich. Développements sur la place de l’être humain dans le paysage romantique européen, et celle du «spectateur extrême-oriental», immergé dans le Tout de la Nature (rouleaux et peintures de la Chine du XIe) : commentaires de Zhen-Zhen, présente et active au dessus des nuages… esthétiques du Clos Neyrac !
Dominique Dubreuil
dimanche 8 février 2009
Thème et variations : le souper à Emmaüs
K380, rondeau
MUSIQUE : Wolfgang Amadeus Mozart
IMAGES : Jean-Luc Godard
REALISATION : François Salès