dimanche 18 mars 2007

Rideaux de peupliers...

Dubreuil-Barraud - Arbres-en-ciel (2007)


Rideaux de peupliers avançant sous la pluie, le cache-cache des écharpes de brouillard, cette sensation unique et pénétrante qu’il va enfin venir quelque chose, quelque être du front des arbres, expulsé de là-bas par la densité mystérieuse de la matière végétale.


Il se rendort dans ce qu’il avait cru être un crépuscule, puis se réveille ; une lueur d’aurore teinte le fond du ciel, au-delà du front des arbres. Et alors il peut à nouveau voyager dans un temps de nuit, ne cessant plus de passer d’une aube future à la nuit précédente, du couchant de demain à la première diffusion de la lune stupide et béate qui n’en finit plus de s’étaler sur l’horizon d’hier.


Dominique Dubreuil




Coup de poignard du soleil...




Imperceptible crénelage de l’horizon, en déplacement perpétuel mais minime à la surface liquide, à la frontière du ciel, et palpitation d’une myriade de soulèvements engendrés les uns par les autres, des creux inépuisés qui paraissent habiter ce lointain. Croisillons sur les crêtes, gaufrage minutieux qui enclôt le mauve de l’irisation. Et le soir, le soir, quand le golfe s’éclaire…


Coup de poignard du soleil dans la mer, dague inégale, fracturée, ondulant par brisures, mais de l’intérieur. Pulsation et flux jusqu’à la nuit du jour, du temps. A l’heure du soir où l’anticlinal de la vague prend sa transparence, on pourrait lire au travers de ce mouvement. Losanges, carrés roses, superposés aux plaques mauves et aux bandes gris-clair, mais finissant par se fondre.


Dominique Dubreuil



Illustrations :

  • Dominique Dubreuil : Sans titre
  • Philippe Barraud : Banquise rouge
  • Paul Valéry : Sans titre (1939)
(cliquer sur les images pour les agrandir)